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Le Ciné De Koa
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21 janvier 2011

Le dernier film du Maître

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Après le triomphe de Full Metal Jacket en 1987, Kubrick se fait encore plus reclus des médias qu'auparavant. Il a maintenant une soixantaine d'années, et ne veut toujours pas faire de lui quelqu'un de commercial. Dès la fin des années 80, il s'essaye à différents projets: il tente Aryan Papers, malheureusement ce film ne verra jamais le jour, la faute à La Liste De Schindler de Spielberg, que Kubrick juge trop ressemblant à son idée. Puis, c'est le projet A.I Intelligence Artificielle qui émerge. Mais il ne veut finalement pas le réaliser, et le propose donc à Spielberg, qui dira 'oué, pourquoi pas', et qui mettra la chose en suspens. Finalement, le film ne se fera qu'après la mort de Kubrick, en guise d'hommage, et sortira en... 2001. Mais, comme on dit, jamais deux sans trois... Et la troisième idée sera la bonne. Réunir un des couples les plus people de l'époque, Tom Cruise et Nicole Kidman, à travers une histoire de couple inspirée d'une nouvelle des années 20. Eyes Wide Shut est né. Et ça ne va pas être une mince affaire, puisque la chose va durer plusieurs années. Mais enfin, le projet aboutit début 1999. A la vue de la bande-annonce, les gens s'imaginent un film coquin, limite érotique. Et le 1er Mars, le film est présenté. Et le 7 Mars, disparaît le plus grand génie de l'histoire du cinéma. C'est le 16 Juillet 1999 que ce film posthume tant attendu sort aux USA. Musique de Gyorgy Lygeti (2001 L'Odyssée De L'Espace, Shining), couple de stars pour lequel Kubrick voulait de vraies scènes de sexe dans le film (ce qui sera refusé par la production)... Tout est là pour satisfaire les fans les plus ardus et minutieux de Kubrick comme le grand public inculte qui n'y connaît pas grand chose. Mais le film reçoit un accueil mitigé par la critique, qui considère Eyes Wide Shut comme le moins bon film du réalisateur. Et à cela, on ne peut que répondre: CONNERIE. Vous avez bien entendus, car Eyes Wide Shut est tout simplement l'un des 5 meilleurs films du Maître avec ses quatre chefs d'oeuvre de la période 1964-1975 (c'est-à-dire Dr Folamour, 2001, Orange Mécanique et Barry Lyndon, rien que ça).

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Attention, sérieux SPOILERS à craindre.

Le film est basé sur le même principe qu'Orange Mécanique. C'est à dire en trois parties: un avant, une scène centrale, et un après. Le docteur Bill Harford (nom tiré de Harrison Ford, qui devait avoir le rôle principal, au passage) et sa femme Alice, un couple aisé avec un enfant, sont invités à une soirée élégante chez un ami richard nommé Ziegler. Harford se fait gentiment escorter par deux filles défoncées jusqu'à l'os, tandis qu'Alice, complètement bourrée, se laisse aller avec un sosie de Scorsese. Mais au cours de la soirée, Bill est appelé par Ziegler pour sauver une prostituée en plein bad trip. Quelques jours plus tard, Bill et Alice, après un bon joint, se retrouvent dans leur chambre, pétés. Alice révèle alors à son mari que, pendant leurs dernières vacances, elle a fantasmé toute la nuit sur un homme qu'elle a croisé dans le hall de leur hôtel. Une histoire vraie, mais dans le but de foutre le doute à Bill. Frappé par cette révélation, il part, en pleine nuit, dans les rues (l'action est censée se passer dans une vraie grande ville américaine -je ne sais plus laquelle-, mais les rues, pourtant, ont été inventées, leurs noms sont fictifs), histoire de se détendre les idées. Enragé à cause de sa femme, il décide de se laisser aller avec une pute, qui l'embarque chez elle. Mais il n'arrive pas à passer à l'acte. Aussi continue-t-il son chemin. Il arrive dans un bar/club, où il retrouve un vieil ami à lui, qui joue du piano lors des soirées. Lui demandant des nouvelles, Bill finit par apprendre que son pote va jouer dans quelques temps, les yeux bandés, dans un endroit mystérieux, pour lequel il faut un mot de passe, etc... Bill apprend le mot de passe, qui est FIDELIO, et décide d'aller à l'adresse indiquée, avec un déguisement, comme ordonné. Il arrive à la chose, un manoir paumé en pleine cambrousse, donne le mot de passe, et on le laisse entrer.

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Là, Harford découvre l'objet du mystère. Ici se déroule une orgie géante, une partouse totale, dans laquelle chacun est libre de faire ce qu'il veut avec qui il veut. Naviguant de salons en salons, il observe différentes sortes de pratiques sexuelles, quand soudain une jeune fille masquée vient le voir, lui disant qu'il ne faut pas qu'il reste ici. Il faut que Bill parte au plus vite, car il court un grand danger. Et, il se fait découvrir, comme étant un intrus. Le chef de la party le convoque, lui demande le mot de passe. Il répond FIDELIO, mais reste finalement bouche bée quand on lui demande le second mot de passe. Le piège, c'est qu'il n'y en a pas. Le maître de la soirée lui dit donc qu'il ne sortira pas d'ici, mais la jeune femme qui avait prévenue Bill se porte garante, et, en quelques sortes, se sacrifie pour Bill. Il se fait virer, en guise d'avertissement, et ne doit parler à personne de ce qu'il a vu. Puis, toujours à la manière d'Orange Mécanique, Kubrick rembobine son film, et tout revient à l'envers. Harford retourne, le jour suivant, à l'endroit où l'orgie a eue lieu, et reçoit une lettre, marquée 'second avertissement'. Il rend son déguisement chez le marchand, puis va prendre des nouvelles de son ami. Mais celui-ci est strictement introuvable... Il retourne chez la prostituée, qui n'est pas là. Sa colocataire lui fait apprendre qu'elle a été délcarée séropositive. Heureusement pour Harford qu'il n'a pas couché avec elle. Puis il apprend que l'autre prostituée, celle qu'il avait sauvé à la fête de Ziegler, est finalement morte d'une overdose, dans la nuit de l'orgie. Se rendant à la morgue pour voir le corps, il comprend vite que la prostituée de Ziegler est la même fille que celle qui s'est sacrifiée pour le sauver. Il retourne alors chez Ziegler, qui lui dit qu'il ne faut pas se mêler de ça, qu'il n'avait qu'à pas fourrer son nez partout. Aussi revient-il chez lui, fatigué. Alice dort... le masque de l'orgie à côté d'elle. Bill Harford comprend alors que tout n'est qu'une mise en scène, un grand jeu pour lui faire apprendre qu'il faut se mêler de ses oignons. Et, petite cerise sur la gâteau, la happy end (rare, chez Kubrick) voit Bill et Alice se réconcilier.

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Grand suspense pour une histoire bien plus complexe qu'il n'y paraît. Je me surprend à faire un article aussi long, d'ailleurs. Je crois que c'est le plus long du blog, de loin ! Mais cela prouve bien à quel point le scénario est recherché. Niveau photographie, c'est du Kubrick, ne l'oublions pas: c'est donc sublime... D'ailleurs, on retrouve un peu les mêmes teintes que dans Shining. Mention spéciale à la musique de feu Lygeti, Musica Riccercata, un morceau magistral entièrement au piano, écrit alors que la dictature Stalinienne était à son apogée. Chaque note, bien frappée, représente... un coup de couteau dans le dos de Staline ! Lygeti s'est défoulé, sur le coup. Musique immense ! Bref, n'écoutez pas ce que la critique a pu dire, vous voyez par la longueur de cet article à quel point Eyes Wide Shut est un film grandiose, magistral, à voir absolument, et plusieurs fois. L'oeuvre d'un génie se termine sur un coup de maître.

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Commentaires
K
Hein que c'est du boulot ! lol<br /> Surtout quand tu connais les anecdotes, l'historique, etc... (le premier paragraphe n'est fait que de ça !)
P
OUfff refaire le film en écriture sur une demis page...chapeau bas Monsieur KOA
B
LOL! Je pensais que t'allais chroniquer Le frelon vert! Dernier cru d'un grand cinéaste, ou le sexe tient la part belle. Si Cruise a l'air un peu en décallage, Kidman se montre partiulièrement coquine!
E
n'empêche là, dis "pardon"...
K
Stanley Kubrick !
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