Chef d'oeuvre carcéral

3 juillet 2010

Cinquième film de Jacques Audiard (fils de Michel Audiard), Un Prophète est sorti en 2009. Du haut de ses 2h28, le film a obtenu le Grand Prix du Festival de Cannes, 9 Césars et une nomination aux Oscars dans la catégorie "meilleur film étranger" (il ne l'a pas eu). Tout de même. Il y a donc quelques jours de cela, je me décidai à regarder Un Prophète, pour voir si c'était bien le monument dont on avait tant parlé. Et là... Enorme claque. Oui, Un Prophète s'impose tout simplement comme le meilleur film français des années 2000. Un Prophète est bien la claque attendue, un vrai chef d'oeuvre porté à l'écran par les prestations impressionantes de Tahar Rahim et de Niels Arestrup.

Malik El Djebena a 19 ans quand il en prend pour six ans de taule. Il est un peu paumé quand il arrive dans cette centrale, sans ami ni connaissance. Très vite, il se fait racketter (ses chaussures) par d'autres détenus. Un jour, il se fait interpeller par le caïd Corse de la prison, Cesar Luciani, et sa bande. Luciani propose un marché à Malik: ce dernier sera protégé par Luciani s'il tue Reyeb, un détenu qui, dans les douches communes, avait proposé à Malik du shit en échange d'un acte sexuel... Malik accepte donc, et, une fois arrivé dans la cellule de Reyeb, tue ce dernier avec une lame de rasoir. Ce meurtre non-puni poursuivra Malik longtemps: le personnage de Reyeb continuera à le hanter psychologiquement. Peu importe, Malik a gagné la confiance de Luciani. Cependant il reste assez malmené: les Corses le voient toujours comme un Arabe... et les Arabes le voient désormais comme un Corse. Il rencontre Ryad, détenu avec lequel il sympathise, mais qui n'en a plus pour longtemps en prison, tout comme les "associés" de Luciani. Ainsi, Malik reste en contact avec Ryad, et devient le nouvel "associé" de Luciani, commençant ainsi à se faire une belle réputation...

Gare aux spoilers...

Malik va profiter de ses jours de perm' pour s'occuper avec l'aide de Ryad d'une affaire de traffic de drogue. Puis, voyant que Malik peut sortir le temps d'une journée, Luciani lui demandera de s'occuper d'une affaire un peu mafieuse du côté de Marseille... En effet, Luciani a été trahi de l'extérieur par certaines de ses relations du milieu, et veut éliminer un concurrent. Il confiera cette charge à Malik, qui trouvera une "équipe" pour l'aider. Une fois l'affaire arrangée, Malik a fait ses six ans de prison, et sort, récupéré par la compagne de Ryad qui lui propose de s'installer chez eux un certain temps.

Superbement bien tourné, tout en restant assez rustre et froid, aidé par des acteurs sensationnels (on n'a pas fini d'entendre parler de Tahar Rahim, croyez-moi, et Niels Arestrup est immense dans son rôle de caïd Corse mafieux et sans pitié), Un Prophète s'impose comme un monument du cinéma français. Une vraie claque, et ces 9 Césars sont entièrement mérités. Dommage qu'il n'ait pas reçu la Palme d'Or à Cannes, parce que ça aurait vraiment été mérité. Un superbe film.

Posté par koamae à 11:22 - Commentaires […] - Permalien [#]